Financée par l'Agefiph (Association pour la gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées) avec l'accord de l'Etat et préconisée par l'ANPE, le réseau Cap Emploi et les Missions locales, cette offre promotionnelle sera expérimentée entre le 1er septembre et le 31 décembre 2007. Sur cette période, tout employeur qui fera l'effort d'intégrer un travailleur handicapé dans son entreprise pour 1 an minimum sera ainsi "récompensé" : il recevra une prime de 6.000 € s'il s'engage à le faire travailler à plein-temps, ou 4.500 € à mi-temps...
Si "l'insertion durable" se limite à 12 mois (et même pas à temps complet), c'est vraiment se contenter de peu. De plus il est précisé que l'offre est valable, que le contrat soit à durée déterminée ou indéterminée : on imagine les probables conséquences de cet effet d'aubaine ! Grâce à la PIE, il est donc à parier qu'au premier trimestre 2008 on nous annoncera en fanfare une baisse miraculeuse des chômeurs handicapés !
Pourtant, la Loi du 10 juillet 1987 oblige les entreprises du secteur privé et les établissements publics à caractère industriel et commercial occupant 20 salariés ou plus à employer, dans une proportion de 6% de leur effectif, des travailleurs handicapés. Les contrevenants s'exposent à payer une contribution à l'Agefiph proportionnelle au quota réalisé (actuellement en France, le taux de salariés handicapés en entreprise stagne à 4,5%). Or l'Agefiph s'apprête aujourd'hui à rémunérer les employeurs défaillants pour qu'ils remplissent cette obligation : c'est tout de même un comble !!!
Le principe fait penser à celui des contrats aidés : primes et exonérations de cotisations à gogo pour faire travailler des chômeurs de longue durée à temps partiel contre un salaire de misère. Le RSA de Martin Hirsch, lui aussi en phase d'expérimentation, ne dérogera pas à cette nouvelle règle qui consiste à graisser la patte d'employeurs publics ou privés avec des fonds publics afin de leur permettre d'exploiter à bas prix des exclus de l'emploi, sans pour autant les sortir de la spirale de l'assistanat ni réhabiliter la "valeur travail", les salaires indignes restant la norme. Dans la réalité, sous prétexte d'insertion, cette manne de sous-emplois subventionnés favorise le remplacement des emplois durables à moindre coût.
Ce concept fou est symptomatique d'un monde qui fonctionne de plus en plus à l'envers, où le chômeur est toujours plus stigmatisé, précarisé et contrôlé tandis que l'employeur, même irresponsable, est traité avec indulgence voire financièrement aguiché et "assisté". Un scandale supplémentaire dont les JT ne parleront pas cette semaine...
A (re)lire notre article du 3 Janvier 2007 => Handicapés, inégalités… précarité !
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